• Arrondissement communal 3 de Niamey

    Le conseil des jeunes : une coquille vide
    Pour rapprocher l’administration des préoccupations des administrés, le Niger a opté depuis 2004 pour le système de décentralisation. Cette réorganisation administrative a suscité beaucoup d’espoir chez les jeunes, longtemps exclus de la gestion de la chose publique.  Désormais la jeunesse est prise en compte à travers des dispositions de la Constitution, le code des collectivités territoriales et d’autres textes non moins importants. En plus, l’Etat dispose d’une politique nationale de la jeunesse avec un discours en faveur des jeunes et un ministère dédiée à la jeunesse. Sans faire un bilan, nous avons voulu savoir aujourd’hui, après dix (10) ans de gestion administrative basée sur la décentralisation, quelle est la situation des jeunes au sein de ces collectivités ? Quelle perception ont-ils de ce mode de gestion ? Un tour à la commune 3 de Niamey où 65% de la population est jeune,  nous a édifiés !

    Dans l’arrondissement communal 3 de Niamey, sur les 25 conseillers siégeant au niveau du conseil d’arrondissement, il n’y a aucun jeune, contrairement au sens de la politique nationale de la jeunesse qui veut que le jeune soit toute personne âgée de 15 à 35 ans. Une situation qui contredit un des critères de la gouvernance, à s’avoir celui de l’implication de la population locale dans  la gestion de la commune.
    Depuis 2006 un  conseil communal des jeunes a été créé au niveau de chaque collectivité territoriale. Certains de ces conseils ne sont malheureusement que des coquilles vides, car ne sont même pas membres de l’organe délibérant. C’est le cas de celui de l’arrondissement 3 de Niamey. Chaibou Labo Mountari, chargé des relations extérieures du Conseil des jeunes de cette  commune explique : « notre structure n’est associée dans la prise des décisions que lorsqu’il s’agit des questions sportives, de loisirs ou pour une quelconque mobilisation. Nous ne disposons même pas d’un siège ! » Des propos que confirme Mori Rafa Camara, président du conseil communal des jeunes du même arrondissement, et représentant des jeunes au sein du Conseil Economique Social et Culturel (CESOC).      
    À défaut d’être dans les instances décisionnelles, les jeunes pourraient au moins être informés, entendus et consultés pour des actions concernant la vie de leur arrondissement. Mais hélas, à ce niveau aussi, les jeunes assistent impuissants à leur exclusion. Selon  Mori Rafa Camara, les jeunes ne sont pas aussi consultés sur le processus budgétaire car, dit-il : «  les autorités communales sont allergiques au contrôle citoyen ».
    Parlant de la participation politique des jeunes, il estime que « les jeunes instruits préfèrent plutôt militer dans des Ongs, des syndicats que dans les partis politiques. Du coup ils s’excluent eux-mêmes des instances décisionnelles, car ce sont ces partis, une fois arrivés au pouvoir, qui prennent les grandes décisions pour le pays ».
    Ce raisonnement est partagé par beaucoup d’autres jeunes de l’arrondissement 3 que nous avons  rencontrés. En optant pour la décentralisation, le Niger a fait le choix de faire participer les populations locales, pour favoriser le développement du pays de manière générale. Les jeunes  qui  constituent  la majorité de notre population doivent saisir cette opportunité. C’est à eux qu’incombe la mission d’apporter les changements salutaires. 

                                                                                Toudjani Boubacar et Jamilou
                                                                                                             


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