De la nécessité de favoriser le dialogue intercommunautaire en vue de consolider la paix à Diffa
La paix, la sécurité et le développement dans la région de Diffa passent nécessairement par l’organisation de fora afin de permettre aux acteurs de procéder à un échange d’expériences et d’idées en vue de donner tout leur sens à ces valeurs. Dans cette perspective, l’Etat et les organisations de la société civile doivent redoubler d’efforts.

C’est dire que la création et le renforcement d’un cadre permanent de dialogue et de concertation, à tous les niveaux, dans la région de Diffa, qui subit depuis le début de l’année, les assauts de la secte terroriste Boko Haram, est plus que nécessaire. Cela permettra de maintenir le dialogue mais avant tout, il faudrait penser à mettre en œuvre un plan d'action régional pour lutter contre le chômage des jeunes. Ceci se fera en concertation avec les élus locaux et les sociétés pétrolières. A cet effet, il faudrait également mettre à contribution les entrepreneurs locaux, surtout les jeunes, pour qu’ils puissent, dans la mesure du possible, contribuer à l’édification d’une société meilleures où toutes les communautés pourraient vivre en parfaite harmonie.
Pour inciter les jeunes à s’intéresser à la vie politique de la région, et ainsi prendre en main leur destinée, il serait important d’organiser des concours en mettant des prix à cet effet.
Toutefois, pour que tout cela puisse se réaliser, les jeunes, en tant que composante essentielle de la société, doivent faire preuve de bonne foi en prenant leurs responsabilités et en remplissant au mieux leurs obligations citoyennes. Ils auront ainsi la latitude de placer dans les instances dirigeantes de leurs communes, ceux qui seront, à leur sens, les plus aptes à diriger. Étant donné leurs poids sur l’échiquier politique, au lieu d’être utiliser tout simplement comme « bétail électoral », ils ont ainsi la possibilité de devenir de vrais acteurs du changement.
Il faut de ce point de vue rappeler que la crise de l’emploi des jeunes a été à la base d’un mouvement de révolte en 2013. Un mouvement  qui, par son ampleur, a amené les autorités de la 7ème république à se pencher sur cette question en particulier dans cette localité située à l’extrême est du pays. Pour ramener la paix et préserver la quiétude sociale, il est également nécessaire de procéder à un désarmement systématique dans la région. À cet effet, il faudrait préconiser la création, en collaboration avec les forces de l’ordre, d’un fichier régional de suivi à l'effet de contrôler la circulation des armes qui sont souvent illégalement détenues par les individus. Cependant, la lutte contre le terrorisme ne doit pas servir aussi de prétexte aux excès.
Il faut enfin que les autorités renouent le dialogue entre elles et les populations mais surtout qu’elles favorisent et redynamisent le dialogue inter communautaire, en veillant à impliquer davantage les acteurs sociaux (leaders religieux, autorités coutumières, représentants des jeunes…). À cet effet, la mise en place de cadres de concertation et de sensibilisation sur la culture et les valeurs de la paix serait d’un grand secours, surtout après les frustrations nées des mesures restrictives et coercitives mises en place suite aux multiples agressions dont la région à fait l’objet. En œuvrant ainsi, probablement que chaque acteur aura joué sa partition dans la  construction d'une paix durable dans la région de Diffa.
 

                                                              Zakari Abdoulaziz