-
Emploi des jeunes au Niger
Les compagnies de téléphonie dans l’œil de mire
Le 29 Avril dernier, les agents du service call center de la société de télécommunication d’Orange Niger, ont entamé une grève d’avertissement de 48h pour exiger de la société le recrutement de tous les agents ayants au moins un an d’ancienneté dans le service, conformément code du travail au Niger. Dans le préavis de grève qu’ils ont déposé, ils reprochent la société Orange Niger qui agit à travers certains opérateurs dénommés Solutions RH et PROXYMEO, de refuser de régulariser leur situation en violation des dispositions législatives et règlementaires au Niger et contre les recommandations de l’inspecteur du travail de la région de Niamey. L’objectif visé par la société Orange Niger est de maximiser ses profits, en recrutant les moins possible et en profitant d’un personnel à moindre cout.
La détresse de ces jeunes nigériens à Orange Niger n’est malheureusement pas un cas isolé. En effet, dans toutes les autres multinationales de télécommunication installées au Niger, on remarque les mêmes agissements. Il s’agit en fait de la stratégie d’externalisation ou sous -traitance, auquel s’adonnent ces multinationale ces dernières années. Cette stratégie consiste à confier à un ou plusieurs autres opérateurs indépendants une ou plusieurs activités ordinairement intégrés dans une même entreprise (fabrication, transport, gestion informatique, service conseil client….) afin d’investir le moins possible sur les ressources humaines ou d’échapper à certaines obligations fiscales.
Cette pratique machiavélique de ces sociétés dans notre pays révèle, d’une part, la démission de l’Etat face à ses obligations de s’efforcer de rendre effective le droit au travail, conformément à l’article 33 de la constitution qui stipule « L'État reconnaît à tous les citoyens le droit au travail et s'efforce de créer les conditions qui rendent effective la jouissance de ce droit et qui garantissent au travailleur la juste rétribution de ses services ou de sa production. Nul ne peut être victime de discrimination dans le cadre de son travail » ; d’autre part la défaillance des structures syndicales mais aussi de la société civile de manière générale pour défendre les droits de ces jeunes nigériens.
Par ailleurs, la pratique de ces multinationales est contestable d’autant plus qu’elles n’ont pas besoin d’arriver à des telles extrémités pour tirer des profits. En effet, au Niger la demande est tellement forte que ces sociétés n’arrivent plus à satisfaire les clients, comme en témoigne les différentes plaintes des consommateurs. En plus, ces entreprises bénéficient d’un régime fiscal très favorable, pour justement investir et créer de l’emploi.
Après une dizaine d’année de libéralisation, l’ouverture du secteur des télécommunications à des investisseurs privés a créé un boom des sociétés de ce secteur. Ces sociétés ont en plus d’avoir réduit le cout de la communication, elles ont élargi sensiblement la couverture du réseau téléphonique, mais aussi et surtout la création de l’emploi, notamment des jeunes. En effet, ces sociétés qui utilisent essentiellement une main d’œuvre jeunes, ont à leurs débuts, suscité beaucoup d’espoir du côté des jeunes diplômés à cause des salaires qu’elles offrent et la stabilité qu’elles garantissent. Toutefois, ces derniers temps, elles font subir un vrai cauchemar à leurs employés et souvent en violation des lois et règlements en vigueur au Niger. Cette situation doit interpeller tous les citoyens et être le combat de tous les nigériens, notamment les jeunes qui sont en première ligne.
Boubacar Toudjani
-
Commentaires