Et si la méconnaissance de la démocratie constituait une menace pour la paix ? Les jeunes ignorent les tenants du concept de la démocratie ! C’est du moins le constat fait par l’association Alternative Espaces Citoyens (AEC), à l’issue de plusieurs forums radiophoniques qu’elle a eu à organiser dans différents quartiers et arrondissements communaux de Niamey, au cours de l’année 2014.

De manière générale, la démocratie se définit comme « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ! » Cette définition générique est certainement la mieux connue de toutes et vient rappeler le principe selon lequel, celle-ci est en principe, l’affaire de tous. Toutefois, elle nous rappelle également que qu’une société ne peut véritablement fonctionner que si les citoyens qui exercent les droits, garantis par la Constitution, acceptent de se soumettre à un certain nombre d’obligations. Le citoyen responsable respecte les lois et les règlements qui s’imposent à tous, paye ses impôts et désigne ses représentants lors des élections.
La démocratie est un régime politique dans lequel le peuple détient le pouvoir, ne serait-ce que de manière indirecte, à travers des élus. De ce point de vue, on dit alors que le peuple est souverain. Chaque citoyen peut donner son avis sur les questions touchant à la vie de la nation et le gouvernement ainsi constitué doit agir dans l'intérêt général.
Au-delà de cette définition, on peut dire que la démocratie est « un système politique dans lequel la satisfaction des besoins des citoyens est une priorité des élus… En somme, la démocratie doit permettre aux citoyens de sentir dans une société de justice sociale et d’équité où le cadre d’expression d’opinions est libre. L’objectif ultime de la démocratie est le développement socio-économique de la population et non développement des élites politiques ». En fait, explique Ibrahim Charouboutou alias High Man, jeune rappeur nigérien, « les jeunes ont tendance à penser que la démocratie telle que pratiquée ne profite qu’au développement personnel d’une poignée d’individus au détriment du peuple. D’où cette grande frustration au sein de la population, qui débouche très souvent sur des actes de violence et sur la destruction de biens publics ». À ma connaissance, poursuit-High Man, « il n’y a pas une école de démocratie au Niger. Mais il faut obligatoirement former et sensibiliser les jeunes sur la démocratie sinon le système est péril ». Pour lui, « cette responsabilité incombe aux partis politiques mais ils sont incapables de le faire, parce qu’ils veulent maintenir le peuple et surtout les jeunes à l’état de bétail électoral ». 
Pour construire une démocratie durable et apaisée, il est clair que les partis politiques, qui sont des acteurs clés de la démocratie, doivent songer à une éducation civique et citoyenne de leurs militants et adhérant. « On ne peut pas construire la démocratie avec les citoyens qui ne comprennent pas les enjeux liés à ce concept sinon, ce modèle de régime est voué à l’échec », explique Boubacar Boureima Issoufou, étudiant en marketing et fondateur de l’atelier de couture Rio à Niamey. Eu égard à tout ce qui précède, un changement d’attitude et de comportement de la part de nos hommes politiques vis-à-vis de la jeunesse s’impose car lorsqu’elle est maintenue dans le désœuvrement et  la frustration, celle-ci peut facilement verser dans la violence. Elle serait ainsi tentée de chercher un autre cadre pour s’exprimer en dehors du cadre démocratique connu. 

                                                                 Zanguina Chaibou